Ropa, pudor y lagrimas
Je suis allée faire du shopping samedi dernier.
Il
faut que vous sachiez que cette phrase, prononcée par ma bouche à moi,
provoque en général chez mes interlocuteurs des réactions hystériques
frolant le 8 sur l'échelle de Richter.
Je cite, dans le désordre :
"NOooooOOOOooonnn ???? C'est pas vrai !" le commun des mortel
"T'aurais
du me le dire plus tôt, je t'aurais donné des sous, t'as pas été
limitée par l'argent hein, t'as bien acheté tout ce que tu voulais hein
???" ma mère
"Ah, tu vas
pouvoir jeter le pantalon qu'on avait acheté ensemble, tu te rappelles
? oui celui à 10 euros y a 8 ans. Si si, je te jure que le tissu va pas
tenir très longtemps encore. Bon enfin tu fais ce que tu veux hein." mon amie de toujours (ou presque)
"Je t'en supplie laisse moi faire les ourlets de ton nouveau jean Diesel tout neuf et tout beau (froncements de sourcils soulignant l'importance vitale) ce serait dommage qu'il finisse comme l'autre..."Atuat l'inuit du plat pays
"AaaaaAhahahaha hihihi hihihihihhi hiihihi houhouhouhou t'es allée magasiner ? TOI ?" Caribounette
"Ouais c'est ça et moi j'ai pris rendez-vous chez l'esthéticienne..." mon copain Ragondin
Bon
j'arrête là, je crois que vous avez compris l'essentiel. Quand je
rentre dans un magasin de fringues, et spécialement en période de
soldes, j'ai des sueurs froides, je me sens observée, scrutée, traquée,
étouffée par tous ces bouts de tissus qui pourraient être à moi, que je
pourrais un jour porter sur ma peau, qui vont me définir un nouveau
style, ou une nouvelle absence de style... Et je me sens encore plus
mal quand j'imagine les commentaires ("ah t'as un nouveau pantalon il
est cool il te va bien") mais comment COMMENT affronter l'hypocrisie,
la moquerie à peine dissimulée dans ces remarques perfides... !
Bon
je sais, d'une part j'ai qu'à aller plus souvent m'acheter des fringues
comme ça ça paraitrait sûrement moins extraordinaire... et d'autre
part, il est possible que la remarque perfide citée un peu plus haut
soit sincère. Oui mais vous avez bien compris que c'est viscéral tout
ça et que c'est comme ma peur des araignées, ça n'a rien de RATIONNEL.
Bordel. Je mets un pied dans un magasin de chounettes (comme dirait mon
amie de toujours (ou presque) ) et ça fait ressortir tous mes vieux
démons. Et c'est encore pire dans mon bled à moi, parce qu'il n'est pas
rare de tomber sur une vendeuse que je connais, de ces temps lointains
et très vagues que l'on appelle 'collège' (ou même dans des moments de
délires fiévreux 'la cour des humiliations').
Mais bon, des fois, il faut, il faut. Alors j'y vais, j'y vais. Et même des fois je suis motivée !
C'était
presque le cas samedi d'ailleurs (oui évidemment j'ai été un peu
énervée d'avoir attendu 4 heures le coup de fil d'Atuat, d'autant plus
que c'était ma faute, que j'ai pas envoyé ce putain de SMS qui lui
donnait le nouveau numéro où me joindre).
Alors j'ai pris mon plus
beau sac à main (journée chounette j'ai dit), et j'ai débarqué comme
une fleur aux Galeries. OUaooouuuh des magasins partout, et surtout un
tas de magasins de fringues (déjà premier soulagement, je me suis pas
trompée d'endroit). J'ai un peu déchanté quand j'ai vu le stock
disponible, beaucoup d'imprimés, style petits carreaux à l'écossaise
(spécificité du pays où je suis, je pense), et puis j'ai pu constater
aussi, que l'année est plutôt panthère, voire léopard, ou même fourrure
de phacochère, au détour d'un rayon que (Dieu me pardonne) j'ai
entr'aperçu de mes yeux naïfs et effrayés.
Les sueurs froides ont
donc doublées, voire triplées quand je me suis rendue compte qu'en plus
je ne connaissais rien aux équivalences de taille, et que tout ça ma
foi c'est très compliqué qu'est-ce que je fous là bordel de merde.
Et
puis alleluia, Zara m'a sauvée, et j'ai été victime de ce que je
j'appellerais une excursion au-delà de mes inhibitions. Je suppose que
l'élément déclencheur est un mélange entre "j'en ai marre il faut que
j'en finisse, prends le premier truc qui vient et casse toi avec" et
"tiens c'est drôle on dirait presque une vraie quand tu demandes le
jeton pour la cabine d'essayage". Alors j'ai essayé et je suis repartie
avec une fortune de fringues que j'appellerais 'plutôt sophistiquées',
si on prend en compte l'état actuel de ma garde robe (c'est un nom
stupide garde robe d'ailleurs). Mon argument final étant que "de toute
manière je dépense jamais rien en fringues, et puis même si je le mets
jamais c'est pas les chounettes qui manquent, je le refilerai bien à
quelqu'un".
Du coup je suis repartie avec 2 jeans (classique,
ça), 2 chemisiers, une jupe et même une paire de bottes... Trop fière
de moi (ouais j'ai des affaires de fille ouaaaaais !!!).
En
rentrant j'ai bien tout essayé (et j'ai même acheté une paire de
collants les amis), toujours aussi contente, et j'ai même fait un tour
au supermarché près de chez moi avec mes bottes
oui oui messieurs dames. Certes, j'ai eu l'impression d'être un
travesti et/ou ma grand-mère (pas l'habitude de faire cloc cloc quand
je marche), et j'ai été très moyennement agréablement surprise de
tomber sur Pimprenelle et Nicolas à mon retour (ils ont fait semblant
de pas entendre mes cloc cloc je sais pas si je dois les remercier ou
pas), mais bon. Je vous tiendrai au courant, pour vous dire si j'ose
mettre tout ça pour le réveillon cette année. Mais moi j'étais toute
excitée de raconter mon aventure à quelqu'un "si tu savais, je suis
allée faire peau neuve ma chère huhuhu", et je tombe sur Selene, sur
msn :
"des bottes??? nan mais pouki il t'arrive quoi là ?"
Donc en fait je sais pas si je veux/vais/peux changer... huhu.
Mais m'en fous elles sont jolies mes bottes.