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Prétexte
6 juin 2008

Gay réflexions.

Je suis passée par de nombreuses étapes avant de m'accepter vraiment telle que je suis... Et je crois que je n'en ai toujours pas terminé.

Est-ce que je me radicalise ? Est-ce qu'il existe un extremisme homosexuel ?

Au début, je suis tombée amoureuse. Quand je suis sortie avec Atuat, ma première copine, et quand j'ai enfin osé m'afficher et parler ouvertement, enfin, quelle liberté, quelle expérience, quelle excitation ! Mais qu'est-ce que c'est que d'être homosexuelle ? D'où ça sort tout ça ? Bien consciente des interrogations que ce fait suscite sur l'éducation, la prédétermination, le fait que non, on n'a pas le choix, et effrayée de penser que les intolérants et homophobes (plus ou moins assumés comme tels) puissent croire que mes parents avaient commis une faute, il y a vite des questions que j'ai évacuées. Pas de culpabilité, pas d'analyse, pourquoi le faire, ce serait me positionner comme anormale. Juste avancer, avancer.

Cela dit, plus on assume, plus on aime en parler. En tout cas j'en avais besoin. Et de raconter à tout va qu'on ne tombe pas amoureux d'un sexe mais d'une personne. Laisser entendre que la belle relation que j'avais était née d'un élan romantique inégalé. Essayer de casser les clichés en expliquant que tous les homos ne passent pas leurs week-ends dans les boites gays, et que la communauté homosexuelle n'est qu'une création artificielle car elle permet de définir une cible commerciale. Qu'elle n'existe pas plus que la communauté hétérosexuelle, et qu'il est superficiel de se définir ainsi, de marquer la différence alors qu'on devrait vivre normalement parmi tous. De s'étonner aussi du fait assez connu que les homosexuels sont très intolérants envers les bisexuels. De faire des grandes théories, comme si j'avais acquis une certaine caution morale.

Et maintenant j'en ai marre. Je revois cette époque avec irritation. Je suppose que je devais passer par ce genre de convictions mièvres ; ou peut-être ai-je changé et suis-je devenue aigrie et/ou blasée.

Maintenant, je sais que Non, ce n'est pas du tout une question de "personne" uniquement. C'est une question de sexe. C'est irréfutable. Nous sommes des animaux. Nous ne tombons pas amoureux d'une personne avant de regarder les détails pratiques. L'attraction physique est primaire, primordiale, et première. Dire que l'"on tombe amoureux d'une personne et pas d'un sexe", est une tournure inexacte et facile pour se donner des excuses sans avoir l'air de le faire. J'avais été (discrètement tout de même) vexée quand Atuat était sortie du placard, et qu'elle était parfaitement satisfaite que sa grand-mère lui ait sortie cette phrase d'elle-même, comme si notre relation s'en trouvée approuvée et comprise. Mais non, quand un membre de la famille trouve une excuse, c'est évidemment mieux que d'être renié, mais c'est triste et méprisant.

Je sais que non, je ne comprends pas la bisexualité, et pour les mêmes raisons. On peut changer d'orientation au cours de sa vie, évoluer, bien sûr, et même avoir une révélation un peu brutale, mais je ne comprends pas qu'on puisse faire des allers-retours de l'un à l'autre dans un claquement de doigts, ni qu'on puisse être homo et hétéro à la fois. Ou alors mesdemoiselles et messieurs, expliquez-le moi autrement qu'avec cet argument hypocrite.

Et je sais que j'en ai assez de vivre normalement parmi tous. Mes amis intimes me connaissent et me comprennent, mes autres amis n'en ont rien à foutre, et c'est pour cela que ce sont mes amis. Mais entre potes, les gens que je cotoie régulièrement et que j'apprends à connaître (il faut bien se sociabiliser), avec qui je suis assez familière pour parler de cul de temps en temps ; et bien j'en ai assez de devoir toujours me justifier, expliquer rapidement comment marche la vie à ceux qui n'ont jamais rencontré de lesbienne auparavant, casser rapidement sans s'indigner les idées reçues dangereuses qui trainent innocemment et qui ressortent comme des bombes au détour d'une conversation. J'en ai assez d'avoir affaire aux filles "libérées" qui couchent dans tous les sens et assument sans aucun problème, et qui pourtant se révèlent suffisantes et assez coincées, et toujours me donnent l'impression de devoir prouver que ma sexualité non, n'est pas incomplète, n'est pas amputée de quelque chose de fondamental simplement parce qu’on n’utilise pas de pénis.

Et oui, je ressens le besoin de rencontrer des gens sans avoir à passer ces étapes, sans avoir à expliquer qui je suis, et sans rien cacher non plus. Je me sens mal et ne sais plus comment être devant les gens. Je ne sais plus où est la limite entre exister et se justifier. Je me renferme un peu sur moi-même et ne vais plus comme avant au-devant de nouvelles rencontres et de nouvelles connaissances, parce que c'est lourd. Les hétéros sont lourds. Et lents. Bien sûr, pas tous, heureusement. Mais entre ceux qui découvrent l'homosexualité comme des innocents et les théoriciens (comme je l'étais moi-même au début) qui affirment que ça ne change rien du tout, que ma sexualité est invisible et ne regarde que moi, il est dur d'y trouver un juste milieu. Parce que mon orientation sexuelle me définit, parmi bien d'autres choses certes, mais me définit, oui. Et rares sont les gens avec qui je trouve une résonnance juste dans ce domaine-là.

Alors oui, maintenant je comprends le besoin de se retrouver en "communauté", en milieu homo. Aussi superficiel que cela puisse paraître, et même n'ayant aucune intention de me mettre à la drague, oui, j'ai envie d'aller dans des endroits gays, et de rencontrer enfin des gens normaux.

J'étouffe.

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