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Prétexte

2 avril 2010

vieux papiers

"...entonces sigue llenando mi hombro
y con tu sueño, suspende la condena
que de mi incompletud volvio mi cuerpo esclavo
y del arbol del dolor hizo mi mente la fruta.

El tiempo usa tu luz para dibujar mi sombra."

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10 janvier 2010

fuck

La chambre. Le repos. La nuit. Le bruit. Je visualise. Demain. Quotidien. Jusqu'à ?

Le lit. De mort. Le poids. Du sort. De l'autre côté de ma propre fiction, il n'y a rien, rien de moi. Juste du temps enfui et silencieux. Je n'existe pas. Je n'ai pas commencé et pourtant déjà. Il vient.

Demain est là. En moi.

31 août 2009

...but there ain't no water here to be found.

J'ai été présomptueuse. J'ai cru qu'il suffisait de le décider pour être libre. J'ai osé croire que j'avais le pouvoir de te blesser. J'ai cru que même blessée tes pensées se tourneraient vers moi en ce jour particulier.

Et ton silence est un tel poids, qui se meurt au fond de ma gorge comme le fruit pourrissant de mes propres faiblesses. Faiblesse de croire encore que tu puisses lire en moi, alors que je ne suis à tes yeux qu'un mannequin sans âme. Une poupée inerte que les mains fiévreuses de tes angoisses habillent pour lui ressembler, à Elle, la seule qui semble mériter tes efforts. Un substitut fiable et bon marché, parmi d'autres, que tu retrouves au fond d'un tiroir et que tu prends en urgence quand tes mains commencent à trembler du manque de came. Sa came, la vraie.

Tu cherches constamment à remplir le moment présent par des élans affectifs démesurés qui t'échappent à mesure que tu les vis. Si tu es capable de faire la différence entre tes tentatives désespérées pour remplir ce tonneau des Danaïdes et la sincérité d'un véritable attachement ; si par hasard, parmi toutes les promesses que j'ai cru lire dans tes yeux, il y en a une seule qui soit due à cette sincérité-là... Alors je t'en supplie, aide-moi. Je sais ce que je t'ai promis, mais là c'est toi qui m'abandonnes. Je mords à la mesure de mon manque.

2 juillet 2009

Un autre monde

J'ai eu des liens privilégiés avec la famille de Pedrocita. Non pas en tant que belle-famille puisque notre relation était archi-secret-défense (une belle hypocrisie de notre part et la politique efficace de l'autruche de la leur selon moi mais c'est un autre débat), mais en tant que véritable famille adoptive. J'ai reçu de leur part protection, éducation et indulgence, dans un monde que je n'avais pas les clés pour comprendre. J'ai assisté à tous les événements importants qui se sont déroulés pendant mon séjour là-bas. J'ai compris les drames familiaux, et j'ai tu, comme tout le monde, les douleurs qui n'étaient pas les miennes. J'ai compris les mécanismes subtils d'une famille tentaculaire dans laquelle j'ai trouvé une illustration personnifiée de toutes les facettes de ce pays complexe.

Je me souviens des réglements de compte entre les oncles de la capitale, sur fond de business pas très clair. De la figure crainte du père de famille, qui en taule ne peut plus tabasser personne, mais dont le retour après 5 ans perturbera l'équilibre de la famille matriarcale restée au village.

Je me souviens d'une cousine qui rêvait de liberté, d'émancipation, de tolérance et de modernité, et qui attendait son heure en vivant selon les principes très traditionnels de sa mère. Sa mère qu'elle n'a d'ailleurs rencontré qu'à l'âge de 14 ans, comme la plupart des gosses laissés aux grand-parents pendant que les parents vont chercher fortune à la capitale ou sur la Terre Promise. Cette cousine s'est retrouvée mariée à un homme qu'elle n'aime pas, sans avoir eu ne serait-ce que la possibilité d'envisager l'avortement comme une option.

Je me souviens de la course sans fin après l'argent, d'emprunts faits pour rembourser les intérêts d'autres emprunts, et ainsi de suite. De l'insistance de Pedrocita pour que je récupére avant mon départ l'argent que j'avais prêté à sa mère. Une somme insignifiante pour moi, qu'elle me suppliait presque de lui laisser, mais que j'ai reprise malgré tout. Le fait de savoir que cette somme était le prix de sa dignité (et sans doute dans une certaine mesure qui m'échappe un peu, de la mienne aussi) n'a jamais compensé la honte que j'ai ressenti à ce moment-là.

Je me souviens du frère adoptif de ce noyau familial mouvant, sauvage et bon à rien, voleur, bagarreur et menteur, un sale gosse de 15 ans dont tout le monde a cherché à se débarasser y compris sa propre mère. Le sourire de ce gamin attachant qui se prend pour un voyou et se bat au couteau, sa beauté qui échappe à tout le monde parce qu'il est plus basané que la moyenne, et ses yeux qui brillaient comme ceux d'un gosse quand il expliquait qu'il voulait trouver des étoiles phosphorescentes pour coller au plafond de sa chambre.

Je me souviens de la tante qui m'a appris comment me faire respecter, tout en m'engueulant parce que je ne mangeais jamais assez de tortillas. La mère adorable qui me servait à manger du mole poblano maison qui m'arrachait littérallement la gueule, et qui me regardait avec admiration en imaginant un Paris idéalisé avec la tour Eiffel chevauchant la Seine, des beaux blonds blancs partout, dont un pourquoi pas serait mon frère et peut-être avec un peu de chance se marierait avec une de ses filles. La petite soeur, racaillounette de collège, qui se baladait partout avec son téléphone portable dernier cri, qui lui servait de sono mobile pour les derniers tubes de cumbia. Et la grande soeur, de mon âge, tombée enceinte d'un homme marié, qui m'a confié tous ses doutes, ses confidences sur son identité sexuelle pas encore très bien définie, et pour qui j'ai cherché à distance des adresses de cliniques pratiquant l'avortement légal (et pas avec des herbes mayas douteuses s'il vous plait) et des groupes de femmes divers, adresses dont elle n'a finalement pas eu besoin.

Je me souviens de la naissance de sa fille, et de son enterrement un mois plus tard. De la tristesse qu'on porte à bout de bras, comme le petit cercueil jusqu'au cimetierre, la tristesse qui se noie dans cet océan de fleurs et qu'on ne prononce plus après. Comme ces fantômes du jour des morts à la Toussaint.

Quand j'ai quitté Pedrocita j'ai quitté aussi, fatalement, cette famille. Je leur ai menti en cachant ma relation avec elle, et ils payent maintenant par mon éloignement le prix de quelque chose qu'ils n'ont jamais eu l'occasion de comprendre. Jusqu'ici ça n'avait vraiment affecté personne, nos contacts se sont simplement espacés.

Hier soir, la grande soeur de Pedrocita m'a demandé, par MSN, d'être la marraine d'une cérémonie qui va avoir lieu en décembre. Ca fait bientôt 3 ans que sa fille est morte, et il va y avoir une messe à l'occasion du changement de la croix sur la tombe. Elle m'a demandé d'être la marraine de cette cérémonie. Au début j'ai cru qu'il s'agissait d'argent. De par mes observations, j'ai deviné qu'en général, parrainer un événement, c'est y apporter une contribution financière, et il y a donc une infinité d'occasions de devenir parrain ou marraine (une quinceañera, un mariage, une grosse fête, une remise des diplômes (oui tout a un prix là-bas) j'ai été moi-même à un moment désignée marraine de gateau de la fête des 15 ans de la petite soeur). En fait dans ce cas-là le rôle de la marraine consiste à porter la croix jusqu'au cimetierre. Je pense que la marraine est aussi, implicitement, officieusement, celle de l'enfant décédé.

Quand j'ai mesuré l'importance de cette marque de confiance, j'ai été frappée de l'évidence que je ne la méritais pas. Ils savent que je suis athée. Pour eux ça ne veut pas dire grand chose : dans un milieu ou l'éducation est toujours religieuse, il leur est difficile d'imaginer ce qui manque à la mienne pour affronter et accomplir les actes d'une vie qui semble normale là-bas. Et pourtant ils n'ignorent pas que je ne crois pas en Dieu. La soeur de Pedrocita elle-même connait mes positions sur le féminisme, l'avortement et les institutions religieuses. Le fait qu'elle m'ait choisie malgré ça m'inonde d'un mélange inconfortable de sentiments, entre la fierté et la honte. Je sais qu'en parlant toutes les deux, je lui ai apporté un point de vue extérieur qui lui a peut-être donné un peu d'air, mais qui n'en était pas pour autant meilleur. J'ai un regard faussé sur son pays, et sur sa famille, noyé dans les émotions... mais au fond je ne sais rien, je ne suis rien. J'ai l'impression parfois que tout ça n'était qu'irréel, un espèce de monde virtuel dans lequel les conséquences de mes actions n'ont pas eu vraiment d'importance pour moi, puisque je ne fais pas partie de ce monde. Malgré la sincérité et l'importance des sentiments que j'ai eu, et notamment pour Pedrocita, j'ai parfois l'impression d'avoir joué à quelque chose. Sans risques.

Je sais que c'est faux, mais le long email que j'ai envoyé à la soeur de Pedrocita, lui expliquant les raisons pour lesquelles je devais refuser sa proposition, ne m'a pas enlevé cette impression.

4 avril 2009

A nos actes manqués (suite)

Scénario 3 : La pomme ne tombe pas loin de l'arbre, à moins que ce ne soit de l'arbre.

Je rencontre la femme de ma vie à un bal caritatif pour la sauvegarde des classes moyennes. Brillante, elle me fait pendant des mois une cour effrénée à coup de sérénades et d'effets spéciaux, à moins que ce ne soit moi qui tente de l'impressionner par mon imperméabilité au ridicule.

Lorsqu'enfin le destin nous réunit, je la suis à l'autre bout de la France pour qu'elle accomplisse son début de carrière, et je renonce à mon travail pour élever nos enfants, de toute manière je n'ai pas vraiment d'ambition professionnelle. A moins que ce soit moi qui m'intègre peu à peu dans les sphères intellectuelles, qu'on n'arrête pas de me dire que je suis brillante et formidable et qu'il paraisse naturel qu'elle devienne femme au foyer, de toute manière elle en a envie.

J'élève mes deux enfants en leur inculquant des principes forts mais me révèle impuissante et désarmée lorsqu'ils éprouvent la lucidité douloureuse de l'adolescence ; ils cessent de communiquer (mais a-t-on déjà vraiment communiqué dans cette famille ?) et nos rapports se déchargent peu à peu d'affection, j'ai l'impression d'être une domestique au service de ma famille. A moins que je ne m'épanouisse en-dehors du foyer, devenant l'amie indispensable et inconditionnelle de tous ceux qui me flattent. A la maison je déçois par mon manque de constance et d'implication. Mes enfants ne me font plus confiance mais au fond peu importe, ils ne me distraient que pendant un temps limité, puis je me mets à les détester lorsque les traits de caractère que j'aperçois chez eux me rappellent les facettes de moi-même que je ne veux pas affronter. Parfois j'avoue je prends un malin plaisir à les humilier, de toute manière ne sont-ils pas comme moi imperméables au ridicule ?

La quarantaine passée ma femme me quitte pour une plus jeune et je me retrouve seule. Pas de travail, pas d'amis, pas d'aventures, mes enfants sont tout pour moi et je sais que c'est un poids qu'ils ont du mal à supporter. Secrètement, ils sont obligés d'admettre qu'ils ne m'aiment pas. Ils font leur temps puis quittent la maison. Je trouve des jobs précaires qui ne m'emmèneront pas jusqu'à la retraite. Je ne cherche pas quelqu'un d'autre car je serai déçue. Des fois quand même j'aimerais bien que quelqu'un taille les arbres à ma place. A moins que ce ne soit moi qui ait le démon de midi. Je repars à zéro avec une autre femme, hanté par l'anti-exemple de mon propre père, mais peu à peu tous mes anciens défauts refont surface. Elle me quitte après quelques années et je décide que je ne suis pas faite pour vivre en couple. Heureusement je suis tellement indispensable à mon travail que les compliments me maintiennent à flot. J'ai une vague période de remise en question et je me sens prête à renouer avec mes enfants mais en fait je suis si formidable que les femmes viennent seules à moi, et je repars dans une relation sérieuse. Quelques années plus tard je déménage à l'île Maurice dont la capitale est Port Louis, parce qu'ils ont trop besoin de moi, et puis après tout je m'ennuie ici et plus rien ne me retient en France.

Je mourrai sans gloire et on m'oubliera vite. Mon dernier mot sera "Whatever".

Scénario 4 : Soyons fous

Je passe les jeunes années qui me restent à me fondre dans la foule et le conformisme d'une homosexualité confortable, puis c'est le coup de foudre, pour la personne la plus insolite qui soit. Un homme blanc, français, catholique non pratiquant, de mon âge, hétérosexuel, riche, amoureux, désireux de s'engager, non stérile, intelligent, cultivé, avocat à mi-temps, et originaire de Digne-les-Bains capitale des Alpes de Hautes-Provence. Mes parents tout d'abord choqués finissent par l'accepter dans la famille. Nous nous marions, avons beaucoup d'enfants et vécumons heureux jusqu'à la fin de ma vie.

Je mourrai d'ennui et mon dernier mot sera "assomant". Comme tous ceux d'avant d'ailleurs.

Scénario 5 : If only...

Je supporte encore quelques mois de chômage, puis à bout de tout, encaissant une déception de trop et n'ayant plus confiance ni dans mon sex-appeal, ni dans mes talents de prosti-électricienne, je me dirige vers le Pont Saint Pierre pour me jeter dans la Garonne. Au moment d'effectuer le saut fatidique, les bras en croix, je réalise que je sais voler et me mets à léviter à quelques mètres du sol. Mes heures d'entraînement oniriques me permettent de me détacher complètement de la gravité et je peux me concentrer sur mon pouvoir naissant de télékinésie. Je détruis quelques pelleteuses pour m'entraîner, je grave "POUKI RULEZZ" sur le sol du Capitole avec le parechoc d'une Fiat Panda, puis m'entoure d'une aura de lumière, me fais pousser une aile dans le dos et menace de détruire la Terre avec une météorite. Je reçois la visite de quelques CRS et membres du GIGN qui s'inclinent devant ma puissance et deviennent mes premiers adeptes. Inspirant la crainte aux plus grands dirigeants de ce monde, je reçois de nombreux cadeaux que je ne sais plus où ranger. Je fais donc pleuvoir les Rolex, barils de pétrole, CD de Patrick Sébastien et autres bouteilles de Putinka sur le monde, pensant redistribuer les richesses, mais ces chutes d'objet inopinées font de nombreuses victimes parmi les simples mortels. Au bout de quelques années, fatiguée de tout le bordel que j'ai foutu sur la Terre et ayant la flemme de ranger, je vais voir ailleurs si j'y suis. N'y étant pas, je m'installe à Nassau capitale des Bahamas et deviens championne de jokari.

Je mourrai d'un éternuement explosif. Mon dernier mot sera "mouette russe".

Je pourrais continuer longtemps à faire des suppositions, mais je suppose que tous ces scénarios sont à la fois vrais et faux. Qui suis-je ? J'essaie avec ce blog d'y répondre ; je m'attarde parfois sur mes frustrations, mes combats, mes fiertés, et le reste du temps je laisse juste glisser les mots comme un exutoire.

En fait je dois faire un double constat d'échec. Me définir est par nature le travail d'une vie. Quant à utiliser ce blog comme espace de liberté je me rends bien compte que c'est impossible. Les mots ne suffisent pas à donner forme à ce que je ressens. Il faudrait des images, des sensations, des odeurs, tout ce qui compose ces courts tableaux métaphoriques qui tapissent ma vie intérieure. Du verre brisé, la sensation de voler, une arme sur la tempe, des courses sans ligne d'arrivée, des parfums familiers, le chagrin d'un accord mineur, la violence des mots et l'ironie du sang. Tout ça n'a pas beaucoup de sens car tout se mêle et tout est incomplet. Le pire c'est que je me fiche du sens.

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4 avril 2009

A nos actes manqués

A chaque instant de sa vie il faut savoir se projeter dans l'avenir, faire la part du moi et du surmoi, imaginer une trajectoire harmonieuse, entre la voie de moindre résistance et la ligne de plus grande pente (qui ne se confondent pas toujours). Etre lucide, s'aimer soi-même en ami attentif et non pas en amoureux indulgent, faire les bons choix, avancer les cheveux dans le vent, caresser de ses mains meurtries le blé avant la bataille, triompher des barbares du Nord car Rome is the light... (pardon je m'égare). Bref tout ça en espérant se retourner un jour sur son chemin et se dire, satisfait, que finalement, dans la globalité, on ne regrette pas grand chose.

Well je doute arriver à ce stade un jour puisqu'à mon sens la voie du moindre regret n'existe pas. Ceux qui prétendent l'emprunter se taillent un sentier hasardeux à la machette dans la jungle de leurs angoisses, et ce en courant comme des dératés, les yeux fermés serrés et en beuglant "CARPE DIEEEEEEEM" sur l'air de Carmina Burana. Avec interdiction Orphéienne de se retourner sur leur passage.

Je suis donc à peu près sûre que dans mes vieux jours je me demanderai avec nostalgie (peut-être avec sagesse ?), les yeux pleins de cataracte, quel aurait pu être mon destin si jamais... Si jamais.

Ayant formulé ces quelques pensées bon marché sur la Vie (libres de droit), j'ai établi pour votre plus grand plaisir à partir des grands thèmes freudiens qui sous-jacent ma vie quelques Scénarios pour ma vie future, que je renommerai sûrement quand l'heure sera venue Scénarios pour ma vie ratés. Pour l'instant ce sont les chemins les plus probables qui s'offrent à moi.

Scénario 1 : J'emmerde le Prince Charmant.

Après avoir bradé ma pudeur au Marché du village, je décide d'investir les quelques sesterces gagnés dans la transaction pour acheter 4m² de terrain et une centaine de moellons au Seigneur local. Je construis avec amour-propre et application un donjon confortable de 6 ou 7 étages avec vue sur les Pyrénées et chaise longue au poste de guet. L'été, je chasse les pigeons grâce à un arc de bonne facture et des flèches empoisonnées au Jex Vitres. L'hiver, je terrorise les enfants et nourris les légendes locales en poussant des cris terrifiants devant Guitar Hero. Vers 37 ans et 2 mois je commence à m'ennuyer et nourris le désir profond et intime d'adopter un lémurien que j'appellerais Yvette Horner. Il faut néanmoins attendre 15 ans de plus pour que la législation évolue et que le trafic d'animaux exotiques devienne légal. Malheureusement quand j'obtiens enfin l'autorisation j'apprends que Madagascar a été submergée par la perte des eaux du réchauffement climatique, que l'île ne fait maintenant plus que 11 hectares, que la capitale n'est plus Antananarivo et que les lémuriens, pour sauvegarder une partie de leurs gènes avant extinction totale ont niqué comme des fous avec les tortues luth. C'est trop pour moi, de désespoir, je me jette du haut de mon donjon mais atterris seulement 2 mètres plus bas, sur la pile d'ordures accumulées depuis la grève des éboueurs de 2011. Je me casse un doigt, attrape le tetanos et meurs en direct sur le plateau de Questions pour un Champion quelques jours plus tard, après avoir donné la réponse à la question décisive " genre musical apparu au début des années 1950 qui, de façon synthétique, mêle le blues, le rhythm and blues, la country, le swing jazz et le gospel.." Mon dernier mot sera "Rock'n'roll".

Scénario 2 : Si fragile, si belle.

Après avoir engrossé mon amie Caribounette lors d'une nuit d'égarement, je fuis la France afin de ne pas devoir choisir entre l'épouser et affronter son père en duel. Je m'établis quelques mois sur l'île de Jersey où j'écris des poèmes contemplatifs sur les souffrances d'un jeune alter ego que je nomme Carambar. Hélas ce récit épique est beaucoup trop original pour l'époque ; les maisons d'édition n'ont d'yeux que pour les courtes nouvelles palindromiques japonaises à la mode, surnommées Sudoku par les étudiants de languesO. Décidée à devenir une star coûte que coûte, je m'envole pour le Japon, où je tombe amoureuse d'une geisha unijambiste bilesbienne trilingue. Nous nous aimons mais tout nous sépare, surtout son père champion de kendo. Je fuis le Japon afin de ne pas devoir choisir entre l'épouser et affronter son père en duel. Je dérive quelques mois dans l'océan pacifique sur une pirogue taillée à la va-vite dans un gingko biloba et échoue enfin sur une plage des îles Samoa. Cherchant mon chemin vers la capitale Apia je rencontre une jeune Polynésienne à qui je demande dans un Samoan approximatif un sextant et une flûte enchantée pour m'orienter. De nature généreuse elle m'héberge quelques jours dans son village reculé au bord d'un lagon aux eaux transparentes. Le premier jour je fais la connaissance de sa mère chef de village. Le deuxième jour j'accomplis avec mon hôte les rites religieux du solstice d'été qui consistent à rejouer les meilleures blagues des Monty Pythons en dansant nu autour d'un feu après une orgie d'alcool local. Au troisième jour je rencontre ses 7 beaux et robustes maris dans la case réservée aux tâches ménagères et là c'en est plus que je ne peux supporter. Je cherche à l'arracher à son horrible destin, emploie des trésors de réthorique pour la convaincre de fuir l'obscurantisme et le conservatisme de sa vie archaïque et de venir vivre avec moi dans une hacienda islandaise. C'est hélas peine perdue. Elle me contraint à quitter seule l'île, afin de ne pas me forcer à choisir entre l'affronter en duel ou épouser son père comme le veut la tradition. Je pleure donc sur nos destins funestes, rencontre encore durant mon périple une ougandaise blessée, une sri lankaise vulnérable, une autrichienne meurtrie, une sélénite déshéritée, une colombienne abandonnée... Je suis obligée de les quitter car je suis à chaque fois étonnemment confrontée à un choix mettant ma vie en jeu. Je fais ensuite du stop jusqu'en Alaska où je réfléchis au capitalisme et me promets de ne pas retomber dans mes erreurs passées. Je décide de consacrer le reste de ma vie à aider la planète et mon prochain, mais forte de mon expérience et de mes cicatrices profondes, je ne me précipite pas. Je trouve du travail pour une compagnie pétrolière parce qu'il faut bien vivre en attendant de savoir comment devenir altruiste. Je ne m'engage pas dans une association pour le tiers-monde car il y a bien assez de misère en bas de chez moi. Je ne m'engage pas pour une association alaskaise car il est honteux que le gouvernement se décharge de ses responsabilités sur la bonté des bonnes gens. Par contre j'achète régulièrement le phoque enchaîné pour me tenir informée sur ce qu'il ne faut pas faire. Je mourrai en sortant du drugstore, en glissant sur une plaque de verglas car trop occupée à sortir quelques fraises Tagada du paquet sans enlever mes moufles, tout en ayant une pensée émue pour Caribounette qui a tant changé ma vie. Mon dernier mot sera "frite".

27 juin 2008

Les choses qui me font lever les yeux au ciel (1)

Je tiens à vous faire partager ma nouvelle consternation.

Collègue et moi sommes stagiaires, nous partageons le même bureau, et vaquons donc sans rechigner aux taches les plus fastidieuses du service. Régulièrement nos chefs viennent nous encadrer en passant nous voir et en nous gratifiant d'un merveilleux "Tu as fini ?", suivi en général d'une liste de nouvelles choses à terminer urgemment, et omettent les mots communs et agréables du style "merci", "s'il te plaît" ou "ton brushing est très réussi aujourd'hui".

Collègue et moi ne travaillons pas avec les mêmes personnes, j'avais donc une image assez classe de son chef à lui, condescendant mais correct, professionnel, mettant la parfaite distance entre chef et stagiaire, le "sachant" et l' "apprenant"... (sans commentaires)

Jusqu'au jour où je l'ai entendu du coin de l'oreille expliquer quelque chose à Collègue, en utilisant cette expression : "grosso merdo".

Mon dieu qu'elle est laide cette expression. Je ne sais pas pourquoi (moi qui pourtant use d'un langage assez châtié au quotidien), mais elle représente pour moi le summum de la vulgarité.

D'abord, et je pense que c'est la raison principale, parce qu'elle est archi-nulle. Je ne sais pas qui le premier a voulu faire de l'esprit en descendant l'expression "grosso modo" de son piédestal ; peut-être que le contexte s'y prêtait je ne sais pas... Mais à chaque fois que je l'entends je visualise un gros beauf voulant se la jouer cool avec une expression super marrante ("ouais parce qu'il y a "merdo" dedans hé hééééé t'as entendu la subtilité j'ai changé modo par merdo c'est trop drôle c'est rigolo le mot merdo hein ?"), tout en lui permettant d'étaler sa culture en toute modestie ("ouais tu vois là je rigole avec toi parce qu'on est à la cool hein, mais si je détourne une expression latine à la base c'est que j'ai déjà assez de classe pour me le permettre").

Ce mec a réussi en une phrase à casser toute l'estime que j'avais pour lui. Je l'imagine dans sa vie personnelle avec sa femme, ses enfants... Savent-ils au moins que cet homme d'apparence distingué est capable de dire grosso merdo à son stagiaire ? Résisteront-ils au choc s'ils l'apprennent ? Que fait la police ?

La ringardise absolue.

6 juin 2008

Gay réflexions.

Je suis passée par de nombreuses étapes avant de m'accepter vraiment telle que je suis... Et je crois que je n'en ai toujours pas terminé.

Est-ce que je me radicalise ? Est-ce qu'il existe un extremisme homosexuel ?

Au début, je suis tombée amoureuse. Quand je suis sortie avec Atuat, ma première copine, et quand j'ai enfin osé m'afficher et parler ouvertement, enfin, quelle liberté, quelle expérience, quelle excitation ! Mais qu'est-ce que c'est que d'être homosexuelle ? D'où ça sort tout ça ? Bien consciente des interrogations que ce fait suscite sur l'éducation, la prédétermination, le fait que non, on n'a pas le choix, et effrayée de penser que les intolérants et homophobes (plus ou moins assumés comme tels) puissent croire que mes parents avaient commis une faute, il y a vite des questions que j'ai évacuées. Pas de culpabilité, pas d'analyse, pourquoi le faire, ce serait me positionner comme anormale. Juste avancer, avancer.

Cela dit, plus on assume, plus on aime en parler. En tout cas j'en avais besoin. Et de raconter à tout va qu'on ne tombe pas amoureux d'un sexe mais d'une personne. Laisser entendre que la belle relation que j'avais était née d'un élan romantique inégalé. Essayer de casser les clichés en expliquant que tous les homos ne passent pas leurs week-ends dans les boites gays, et que la communauté homosexuelle n'est qu'une création artificielle car elle permet de définir une cible commerciale. Qu'elle n'existe pas plus que la communauté hétérosexuelle, et qu'il est superficiel de se définir ainsi, de marquer la différence alors qu'on devrait vivre normalement parmi tous. De s'étonner aussi du fait assez connu que les homosexuels sont très intolérants envers les bisexuels. De faire des grandes théories, comme si j'avais acquis une certaine caution morale.

Et maintenant j'en ai marre. Je revois cette époque avec irritation. Je suppose que je devais passer par ce genre de convictions mièvres ; ou peut-être ai-je changé et suis-je devenue aigrie et/ou blasée.

Maintenant, je sais que Non, ce n'est pas du tout une question de "personne" uniquement. C'est une question de sexe. C'est irréfutable. Nous sommes des animaux. Nous ne tombons pas amoureux d'une personne avant de regarder les détails pratiques. L'attraction physique est primaire, primordiale, et première. Dire que l'"on tombe amoureux d'une personne et pas d'un sexe", est une tournure inexacte et facile pour se donner des excuses sans avoir l'air de le faire. J'avais été (discrètement tout de même) vexée quand Atuat était sortie du placard, et qu'elle était parfaitement satisfaite que sa grand-mère lui ait sortie cette phrase d'elle-même, comme si notre relation s'en trouvée approuvée et comprise. Mais non, quand un membre de la famille trouve une excuse, c'est évidemment mieux que d'être renié, mais c'est triste et méprisant.

Je sais que non, je ne comprends pas la bisexualité, et pour les mêmes raisons. On peut changer d'orientation au cours de sa vie, évoluer, bien sûr, et même avoir une révélation un peu brutale, mais je ne comprends pas qu'on puisse faire des allers-retours de l'un à l'autre dans un claquement de doigts, ni qu'on puisse être homo et hétéro à la fois. Ou alors mesdemoiselles et messieurs, expliquez-le moi autrement qu'avec cet argument hypocrite.

Et je sais que j'en ai assez de vivre normalement parmi tous. Mes amis intimes me connaissent et me comprennent, mes autres amis n'en ont rien à foutre, et c'est pour cela que ce sont mes amis. Mais entre potes, les gens que je cotoie régulièrement et que j'apprends à connaître (il faut bien se sociabiliser), avec qui je suis assez familière pour parler de cul de temps en temps ; et bien j'en ai assez de devoir toujours me justifier, expliquer rapidement comment marche la vie à ceux qui n'ont jamais rencontré de lesbienne auparavant, casser rapidement sans s'indigner les idées reçues dangereuses qui trainent innocemment et qui ressortent comme des bombes au détour d'une conversation. J'en ai assez d'avoir affaire aux filles "libérées" qui couchent dans tous les sens et assument sans aucun problème, et qui pourtant se révèlent suffisantes et assez coincées, et toujours me donnent l'impression de devoir prouver que ma sexualité non, n'est pas incomplète, n'est pas amputée de quelque chose de fondamental simplement parce qu’on n’utilise pas de pénis.

Et oui, je ressens le besoin de rencontrer des gens sans avoir à passer ces étapes, sans avoir à expliquer qui je suis, et sans rien cacher non plus. Je me sens mal et ne sais plus comment être devant les gens. Je ne sais plus où est la limite entre exister et se justifier. Je me renferme un peu sur moi-même et ne vais plus comme avant au-devant de nouvelles rencontres et de nouvelles connaissances, parce que c'est lourd. Les hétéros sont lourds. Et lents. Bien sûr, pas tous, heureusement. Mais entre ceux qui découvrent l'homosexualité comme des innocents et les théoriciens (comme je l'étais moi-même au début) qui affirment que ça ne change rien du tout, que ma sexualité est invisible et ne regarde que moi, il est dur d'y trouver un juste milieu. Parce que mon orientation sexuelle me définit, parmi bien d'autres choses certes, mais me définit, oui. Et rares sont les gens avec qui je trouve une résonnance juste dans ce domaine-là.

Alors oui, maintenant je comprends le besoin de se retrouver en "communauté", en milieu homo. Aussi superficiel que cela puisse paraître, et même n'ayant aucune intention de me mettre à la drague, oui, j'ai envie d'aller dans des endroits gays, et de rencontrer enfin des gens normaux.

J'étouffe.

22 avril 2008

choses en vrac

Il se passe pas grand chose dans ma vie.

C'est un peu ma faute hein. Je suis toute fraîche dans cette nouvelle ville, mais je ne peux pas m'empêcher de me méfier des gens que je rencontre. C'est-à-dire des autres stagiaires, globalement. Ils ont tous l'intention de s'éclater, de profiter "oh chouette d'autres stagiaires, faisons des apéros !". Je suis consciente qu'il faut que je fasse des efforts, mais moi ça me crispe. Je suis pas bonne dans les trucs de groupe, je suis pas quelqu'un d'intéressant, comme ça, là, spontanément, entre deux bières, j'ai rien à raconter. Enfin si, mais quoi...? Ma vie de geek entre Pedrocita et les séries que je regarde ? La musique entre mes doigts d'argile et mon groupe agonisant ? Je suis une OUAT-girl. Une "Once-Upon-A-Time girl". Dans ma longue vie, j'ai fait quelques trucs rigolos que j'arrête pas de raconter, mais il reste plus rien. J'ai été super extravertie en prépa, je vous jure, il fut une époque où j'étais vraiment originale. J'ai eu un groupe de RRRRooockk, je vous jure j'étais presque une superstar. J'ai passé 6 mois Là-Bas je vous jure ça a changé ma vie. Il fut une époque où l'amitié avait vraiment un sens, je vous jure, je peux être quelqu'un de dévoué.

Maintenant les gens autour de moi ont presque tous une moitié pour les épauler, et tant mieux. L'amitié est devenue plus solide, avec le temps, mais moins nécessaire. Moi-même je ne sais plus quoi en attendre. Passer des bons moments ensemble est devenu un luxe que ne permet pas la distance. Et je lutte pour ne pas noyer ceux qui sont près dans ma vie de vieille fille. Entre les deux j'ai appris à être indépendante. Tellement indépendante que je trouve immature les tentatives desespérées de mes collègues pour combler le vide. Je suis conne, et c'est tout, parce qu'il s'agit très simplement de profiter de la vie.

I belong to no-one.

11 avril 2008

Ah les pubs... (1)

La publicité peut être un art. Beaucoup de réalisateurs très connus ont tourné des spots, comme David Lynch pour une voiture sont je ne me souviens plus le nom. D'ailleurs sans faire appel aux stars on voit parfois des publicités magnifiques, vantant l'esprit de solidarité, exaltant l'aventure humaine, jouant à fond la carte de l'harmonie et de la beauté, et de plus en plus souvent celle de l'amour de l'environnement. En général ces pubs sont pleines d'enfants qui se prennent la main ou d'horizons vastes et féeriques, ou de musique mythique (le concert à Cologne de Keith Jarret pour une bagnole encore).

Tout ça m'accable encore plus quand on découvre le produit vanté à la fin, donc au choix un 4x4, une machine à laver, ou encore mieux c'est la promo de groupes tout entiers, Veolia, Total, Monsanto et j'en passe. Autrement dit, on est pleins de thunes et on vous prend pour des cons.

Avant j'aimais les pubs drôles, il y en avait certaines qui étaient des trésors à l'époque où je jouais "aux pubs" avec ma soeur devant la télé. Il fallait deviner la marque et le produit avec un barême de points variant toujours à mon avantage évidemment. Maintenant les pubs ne sont plus drôles. La dernière qui a marqué ma mémoire, bien malgré moi, était celle du poisson rouge qui était supposé avoir mangé les gateaux, je me rappelle même plus comment l'appelait le gamin. C'est comme Kyo à la même époque, même si tu aimais pas, il fallait en bouffer tous les jours. Il y avait fatalement quelqu'un qui refaisait la blague. Ben voilà, maintenant il ne faut plus être drôle, il faut attendrir en utilisant des enfants qui se prennent pour des grands, et en profiter pour laver le cerveau des gosses. Ce sont des modes et je n'aime pas trop les modes d'aujourd'hui.

Par contre les pubs que je préfère, et qui ne changent pas, ce sont les pubs nulles. Vous savez, celles pour les hémorroïdes ou les anti-diarrhéiques. Deux figurants, en général le papi et le petit-fils, jouant dans le jardin en arrière-plan avec de grands sourires figés, que l'on aperçoit depuis la fenêtre de la cuisine. La maman du petit (à la cuisine évidemment toutes des salopes) fait le coup du témoignage-vérité : "Avant, mon père n'osait plus rien faire à cause de ses problèmes de diarrhée. Depuis qu'il prend Sapasmieu, c'est un autre homme, il revit, et il ose enfin partager la vie de ses petits-enfants." Sur ce, papi dans le fond fait monter le petit Lucas dans sa voiture gris métallisé et fait un grand coucou de la main à sa fille adorée restée sur le perron, et monte de manière guillerette et dynamique dans la voiture, toujours avec le même sourire à la con.

Je me suis toujours demandée si le papi figurant savait pour quel type de produit il faisait la pub. On lui dit juste "bon, tu tapes dans le ballon et surtout tu arrêtes pas de sourire c'est important hein !! Allez on va faire un carton". Ce serait bien plus rigolo qu'il se découvre lui-même être un récent rescapé des dangers de la déshydratation, entre deux épisodes de Derrick. Il est cependant plus probable que ce monsieur n'ait pas le temps de glander devant la télé et qu'il courre les castings pour pouvoir se payer des dents mais bon...

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